Squat de Moulin-Mer. « Je me considère chez moi »
Article du Télégramme de Brest du 3 avril 2013
Les squatters du port de Moulin-Mer nous ont ouvert «
leur » porte. Depuis deux mois, ils occupent la maison adossée à
l'ancien moulin, cette immense construction qui fut aussi café,
restaurant et boîte de nuit.
L'arrivée des squatters à Moulin-Mer a déjà fait beaucoup jaser
dans le bourg, provoquant l'agacement voire la colère de certains tandis
qu'elle déclenchait un élan de sympathie chez quelques autres.
Réparation navale
Groupe
électrogène et outils dans le coffre, ils sont donc arrivés à une
dizaine au mois de janvier pour s'installer dans la maison qui jouxte le
grand moulin. Mais surtout, ils ont emporté dans leurs bagages leurs
deux bateaux qui, mis sous bâche, attendent d'être réparés. C'est là,
assurent-ils, la raison de leur venue. « Charpentiers de marine, nous
sommes ici pour réparer ces deux bateaux et faire revivre ce lieu. Nous
sommes surtout intéressés par la charpente traditionnelle, la navigation
et la vie maritime. Nous voulons continuer à entretenir ces
embarcations et pourquoi pas ensuite en rénover d'autres », explique
Zoé, l'un des membres du collectif de Moulin-Mer. Elle poursuit : « Nous
espérons signer une convention avec le propriétaire pour continuer à
occuper les lieux ».
« Tant qu'ils sont vides »
«
Je me considère chez moi », lance de son côté Jérôme qui explique : «
Nous souhaiterions utiliser les locaux tant qu'ils sont vides. Ça s'est
déjà vu ailleurs. Il peut être intéressant pour le propriétaire d'avoir
des personnes qui occupent le bâtiment. Ça permet d'entretenir les
locaux et le site. Nous avons déjà élagué des arbres. Ici, lorsque nous
sommes arrivés, les fenêtres de la maison étaient ouvertes et le toit
bien endommagé ». Le collectif de Moulin-Mer assure que leur présence ne
fait pas naître que de l'animosité. « Des personnes passent ici nous
voir tous les jours », assurent les squatters. Et effectivement, lors de
notre passage, on vient frapper à la grille. « Beaucoup sont
enthousiastes de voir le lieu enfin occupé ». Il faut dire que nombreux
sont ceux qui ont ici quelques souvenirs. Car, l'ancien moulin fut
d'abord un café, puis un restaurant avec bientôt une piste de danse.
Inexploité depuis 30 ans
Ce Moulin à Marée est juste à coté d'un fameux centre nautique.
Classes de mer. Coup de génie à Logonna
Article du Télégramme de Brest du 27 juin 2012
Les classes de mer sont nées à Logonna-Daoulas (29), au
fond de la rade de Brest, fruits de l'intuition d'un instituteur pas
marin pour deux sous. Jacques Kerhoas est l'une des figures
incontournables du Centre nautique de Moulin Mer, qui fête, cette année,
ses 50 ans.
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> Le programme des festivités
C'était l'époque florissante des années 60 et l'émergence des
centres nautiques. Celui des Glénans avait ouvert la voie, côté
croisière. Les écoles de voile bourgeonnaient un peu partout sur la côte
finistérienne. Aux manettes, le plus souvent, d'anciens résistants plus
rouges que les voiles des vieux gréements, des communistes de
l'après-guerre bien décidés à faire exploser les barrières d'une
pratique encore élitiste. Dans le Finistère, les constructeurs et les
voiliers développent de nouveaux supports. Les premières écoles de voile
s'équipent de dériveurs en bois, Caravelle et Vaurien en tête. C'est
l'époque aventureuse des structures associatives mues par d'infatigables
bénévoles. Ils se démènent, sur l'eau pour encadrer les stagiaires, à
terre pour monter les bâtiments, faire la popote et la vaisselle jusqu'à
tard dans la nuit...
Le «Gros» mène sa barque
Jacques Kerhoas
débarque en 1958, au collège de Daoulas. L'instituteur de formation, en
poste depuis sept ans dans les monts d'Arrée (à Saint-Cadou), découvre
le potentiel de la rade de Brest. Il veut faire de l'estran et du
littoral un lieu d'apprentissage mais aussi d'échange de valeurs et de
notions fondamentales. «Que la mer soit ou non son destin, l'enfant ne
peut ignorer ce qui fait l'essentiel de la planète», résume-t-il,
visionnaire, au tout début des années 60.
L'homme a de solides convictions, une grande gueule et le physique de
l'emploi. Plutôt autoritaire, il sait aussi lâcher la bride. Et celui
qu'on appelle le «Gros» n'a pas son pareil pour emmener tout son monde.
S'il le faut, il n'hésite pas à «emporter le morceau» en breton,
s'appuyant sur un puissant réseau et la sympathie de personnalités aussi
diverses que variées. On vient régulièrement le saluer et boire un
godet à
Moulin Mer, sans chichi, sans cravate.
Malgré la casquette et la vareuse qu'il porte à merveille, l'instit ne
sera jamais un grand marin. Plus que les bateaux, c'est la mer et son
milieu qu'il chérit, le formidable terrain pédagogique qu'elle offre. Il
acquiert malgré tout une bonne connaissance de la voile. «Très à cheval
sur la sécurité, il passait des heures à scruter le fond de la rade
pour suivre ses flottilles préférées», rappelle Gilbert Lemoigne, l'un
de ses moniteurs de l'époque.
Porté par les bénévoles
Le centre nautique de
Moulin Mer
prend pied en1962 sur le site d'une carrière abandonnée aux ronces et à
l'aubépine, à l'embouchure de la rivière de L'Hôpital-Camfrout. Les
bénévoles s'activent à déblayer le terrain et à monter les premiers
bâtiments. Pas de loi Littoral à l'époque, le «centre de nautisme et de
plein air» peut démarrer.
Deux ans plus tard,
Moulin Mer
accueille sa première classe de mer validée par l'Éducation nationale.
Le professeur de collège est détaché par le ministère pour encadrer ces
«classes transplantées». On n'y fait pas seulement de la voile. Les
enfants qui, le plus souvent, découvrent la mer pour la première fois,
arpentent l'estran avec leurs bottes et leur seau, apprennent à
reconnaître les oiseaux, à remettre les cailloux à l'endroit, découvrent
les nuages, la marée, la météo...
Les classes traversent toute la France, au terme d'un hallucinant
périple en autocar jusqu'à Logonna. Deux semaines à la mer, en internat.
Les instituteurs débarquent même avec leurs épouses.
Les normes, les monceaux de formalités et les restrictions en tous
genres n'existent pas. «On avait même le droit de manger le poisson et
les coquillages pêchés dans la journée» observe, songeur, Alban
Beaudouard, le directeur actuel.
Coulé et repris
L'essoufflement du bénévolat, l'augmentation des charges de
fonctionnement et les écueils d'une gestion à l'ancienne précipitent la
fermeture du centre, à la fin des années 90. Il rouvre en 2004, avec
d'importantes mises aux normes, sous l'impulsion de l'association Don
Bosco qui joue la carte de la polyvalence de l'accueil (valides et
handicapés), proposé sur l'ensemble de l'année.
Jacques Kerhoas
s'est éteint en 1992. Vingt ans plus tard, son héritage est intact. À
l'image de cette magnifique entrée de rivière qui voit encore, chaque
année, des centaines d'enfants tirer leurs premiers bords, sur les bancs
de la plus belle école de vie.
J'ai fait mes première navigation à la voile en Optimiste, en caravelle et en Mantor dans la rivière de
l'hopital-Camfrourt.
Nous allions sur "
le sillon des Anglais" prendre un gouter.
Que de souvenir!!! J'avais 8ans...
Je suis retourné au sillon des Anglais dernièrement.... à la voile.
Un pèlerinage en quelque sorte, depuis le temps que je voulais y retourné!
Dan